dimanche 9 mai 2010

Obsession évaluative et/ou orientation

François Dubet et Christophe Paris ont écrit une tribune libre dans le Monde du 16.09.09 : Il faut avoir le courage de réinventer le collège unique

Ils y écrivent notamment :

« Nous ne sauverons pas le collège unique si nous n'avons pas le courage politique de nous attaquer à la contradiction dans laquelle il se trouve aujourd'hui : celui d'être à la fois un lieu d'accueil pour tous les publics, avec une grande hétérogénéité sociale et scolaire, et un lieu de sélection chargé de faire émerger une élite, qui suivra ensuite les meilleures filières du lycée et de l'enseignement supérieur. Un lieu où chaque enfant est censé trouver sa place, mais où il fait l'expérience de la compétition.

[...]

Seconde piste, l'obsession évaluative. Pourquoi cette omniprésence des interrogations et des contrôles, conduisant parfois à y consacrer un cours sur quatre ? Outre le stress qu'elle peut nourrir chez les élèves les plus fragiles, cette évaluation n'est pas conçue dans une logique d'amélioration permanente mais, encore une fois, de compétition.

Libéré du carcan de la sélection, le collège pourrait devenir un lieu réellement accueillant, un lieu éducatif au sens large. Ce serait autant de pression en moins pour les enseignants et les équipes pédagogiques. Une atmosphère plus sereine permettrait à ces derniers de remplir leur rôle éducatif et de créer avec les jeunes une relation de confiance. »

Enfin la question de l'orientation dans notre système va peut-être être posée !

Mais remarquons que le mot n'est pas écrit. On parle encore pudiquement d'évaluation, plus précisément d'obsession évaluative. Au fond on parle de l'effet et non de la cause.

Si les enseignants français ont développé cette obsession, ce n'est pas pour des raisons « culturelles » ou nationales, mais bien parce qu'il ont un rôle bien particulier dans la gestion de la circulation des élèves à l'intérieur du système. Chez nous, ce sont les enseignants qui enseignent aux élèves qui sont également chargés de la tâche de fournir les arguments pour décider de leur orientation. Et depuis Edgard Faure qui a supprimé les compositions trimestrielles, c'est à chaque enseignant de fourbir ses évaluations. On a à la fois un pouvoir et une peur d'exercer ce pouvoir qui alimente cette obsession évaluative.

Donc admettons que enfin la question de l'orientation aboutisse, et que le collège n'ait plus à faire ce salle boulot, comme le disait Dubet. Deux conséquences seraient à envisager :

  • à partir de quoi reconstruire notre pédagogie ? La notre est fondamentalement construire sur le principe de la recherche de l'erreur qui permet des méthodologies plus simples de l'évaluation, que celles liées à l'évaluation formative. Et la relation pédagogique elle-même ?

  • Et la gestion du parcours scolaire de l'élève, sur quoi l'argumenter ? Si le tri n'est pas fait au collège, alors le/les lycées ne reçoivent plus une population répartie. Il faut alors, réellement penser à une vraie seconde indifférenciée rassemblant tous les élèves sortant du collège. Tollé assuré.


Cette question se doit d'être travaillée longuement avant d'aboutir et d'être acceptable dans notre système scolaire. Espérons que ce colloque annoncé participe de cet effort et n'en reste pas qu'aux questions morales.

La seconde Journée du refus de l'échec scolaire organisée par l'Afev le 23 septembre 2009 à Paris.http://www.curiosphere.tv/ressource/22676-refus-de-lechec-scolaire-2009/page_url=/html/02_formulaire_inscription.cfm


Bernrd Desclaux, publié à l'origine le 17 septembre 2009

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