Les jeunes qui ont actuellement 18 ans peuvent statistiquement espérer devenir centenaires. Temps long, porteur de réussites, d’incertitudes, d’opportunités, d’échecs, de questions.
Dans quelles activités s’engageront-ils ? Quels modèles les captiveront ? De quels moyens disposeront-ils ? Quels milieux les transformeront ?
Des interrogations obscures, abstraites perturbent les « vieux » parents ; stimulent les experts pressés de fournir des prévisions.
Penser l’avenir est au programme de chaque jour. Tous les adultes sont censés devenir performants dans cette discipline et entraîner leurs enfants.
Les professeurs et les futurs bacheliers ont des devoirs de résultats immédiats. Le prestige de leurs lycées, leurs réputations sont en jeu. Même devenu un objectif banal, le bac constitue encore une distinction.
Avec ce passeport (premier grade universitaire), commence d’autres histoires dans les méandres des enseignements supérieurs sans cesse renommés, rénovés.
Jusqu’au 20 mars, avec admission-postbac, toutes les ambitions sont permises. Toutes les spéculations doivent être encouragées.
La plupart des lycéens résistent à cette marche forcée vers l’avenir, ébauchent rapidement des plans susceptibles de calmer l’anxiété ambiante. En groupe ou seul, ils se concentrent sur leurs comptes : les notes du bac « blanc » préfigurent-elles celles de fin d’année, à combien de points sont-ils d’une mention ou de l’oral de rattrapage ? Certains mettent en avant d’autres préoccupations : combien leur coûtera le permis de conduire ? vont-ils aller voter? D’autres commentent le nombre de médailles olympiques ou leurs propres exploits.
Chaque jour apporte à chacun des possibilités de contes, de fictions, de passions. L’imagination suit son cours dans des directions souvent incontrôlables.
Le ministère doit organiser la rentrée prochaine, tenter de canaliser les « flux ». Les futurs étudiants contraints d’entrevoir l’avenir par l’intermédiaire d’un calendrier imposé, d’un site officiel hésitent, s’interrogent. Que faire de toutes ces informations, de tous ces liens ? Que mettre dans un CV, une lettre de motivation ? Pourquoi multiplier les vœux ?
Ces inscriptions préparent simplement les étapes suivantes. 2 mois pour affirmer des prétentions plus ou moins réalistes, changer, expérimenter l’indécision. Oser découvrir, se dévoiler jusqu’au printemps. D’autres échéances rythmeront le temps. De nouvelles représentations vont se mettre en place, se confronter à d’autres réalités. L’idée de devenir étudiant fait son chemin.
Monique Ronzeau (cf. « L’orientation : un avenir pour chacun ») ; moronzeau hotmail.fr
Publié le 24 février 2010
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